L’étude Vetcosed prouve l’efficacité du gilet compressif sur l’épaule
L’étude Vetcosed est une étude à portée nationale, fruit d’une collaboration entre :
– le Centre Médico-Chirurgical de Réadaptation des Massues – Croix-Rouge française,
– le Pôle IMER (Pôle Information Médicale Evaluation Recherche) des Hospices Civils de Lyon,
– la Fondation APICIL contre la douleur,
– le Laboratoire de recherche du groupe THUASNE,
– l’association de patients AFSED.
Voici le lien Pubmed de l’article : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33353449/
Vetcosed est une étude scientifique dont le but est de démontrer l’efficacité des vêtements compressifs dans le cadre du traitement du SED hypermobile, afin d’obtenir, pour les patients, une prise en charge complète et durable de ce type de traitement. Cette étude porte plus précisément sur l’impact du port d’un gilet compressif de la marque Thuasne auprès de patients touchés par le SED hypermobile.
L’inclusion de l’étude s’est déroulée de mai 2014 à novembre 2016 soit sur 30 mois.
Les patient(e)s devaient être âgés de plus de 18 ans et devaient présenter :
– un SEDh confirmé par le dossier clinique d’un généticien,
– avec hyperlaxité (score de Beighton ≥5/9),
– avec instabilité d’une ou des deux épaules entraînant des douleurs (échelle visuelle analogique > 0)
– ou avec un handicap : luxation ou subluxation récurrente (au moins une fois par mois ou au moins 12 fois par an).
L’inclusion était refusée s’il y avait une pathologie cardiaque instable, des antécédents de chirurgie de l’épaule, des lésions cutanées sévères ou un épisode hyperalgique en cours ou une grossesse en cours.
Les évaluations à l’inclusion
– Le questionnaire SF-36. Il consiste en une auto-évaluation de la qualité de vie par le biais de 36 questions réparties en 8 domaines : mobilité physique et performance, limitations dans les activités de la vie quotidienne, intégration sociale, restrictions dans les occupations habituelles pour des raisons physiques ou psychologiques, souffrance psychologique, vitalité et santé perçue.
Le total est sur 100 points, 100 étant le niveau de qualité de vie le plus élevé et 0 le niveau de qualité de vie le plus bas.
– Le Health Assessment Questionnaire (HAQ).
Il s’agit d’un questionnaire sur la qualité de vie composé de 8 catégories de questions sur les activités de la vie courante. A chaque question est allouée une note de 0 (sans aucune difficulté) à 3 (incapable de le faire).
L’indice fonctionnel est la somme des cotations des divers domaines divisée par le nombre de domaines évalués (normalement 8, mais moins en cas de données totalement manquantes pour un domaine particulier). Le score ainsi obtenu est compris entre 0 et 3.
– La Fatigue Impact Scale (FIS).
La FIS version longue (41 items) permet d’évaluer trois dimensions : fatigue physique, cognitive et sociale. Elle mesure l’impact de la fatigue sur la vie quotidienne des patients. La version francophone, l’échelle d’impact de la fatigue, comportant quatre dimensions : physique, cognitive, rôle social, et relations sociales.
Le patient doit coter chaque item de 0 à 4. Plus le score est élevé, plus le niveau de fatigue est élevé.
Déroulement de l’étude
Lors de l’inclusion, les mesures étaient prises pour la veste compressive CICATREX SED ® à manches courtes sur mesure. Deux visites ont été nécessaires, encadrées par un ergothérapeute : une pour prendre les mesures du patient et une pour retoucher le vêtement. Un délai de 4 semaines était prévu comprenant la fabrication du gilet ainsi que les éventuelles retouches.
Le suivi des patients a duré 8 semaines.
Les patients inclus devaient porter la veste compressive pendant 4 semaines. Celle-ci devait être portée autant que nécessaire, avec un minimum de 3h/jour. Une visite de suivi avait lieu au jour 28. Il était alors proposé l’auto-questionnaire QUEST (Quebec User Evaluation of Satisfaction with Assistive Technology), utilisé pour évaluer la satisfaction des utilisateurs avec leur veste compressive.
Puis les patients passaient 4 semaines sans veste compressive et une visite de suivi avait lieu au jour 56 .
Précision pour les professionnels de santé, les visites de suivi comprenaient un bilan isocinétique :
– Position assise, bras en abduction entre 25° et 45° dans le plan de l’omoplate. L’amplitude de mouvement pour chaque patient a été déterminée en fonction des possibilités du côté le plus blessé et appliquée au côté controlatéral.
– Un appareil isocinétique a permis de mesurer, selon un mode concentrique, la puissance (en watts (W)) des rotateurs d’épaule à une vitesse angulaire constante de 180°/s et 90°/s et le rapport de puissance des rotateurs externes et internes de chaque épaule à une vitesse angulaire constante de 180°/s et 90°/s.
Il est indiqué dans l’article que le choix du mode concentrique est délibéré pour cette évaluation, car le mode excentrique est beaucoup plus contraignant et plus difficile pour les personnes fragiles et douloureuses.
Pour tous les participants, les évaluations étaient toujours réalisées par le même évaluateur dans un centre de rééducation spécifique, un kinésithérapeute spécialisé dans le bilan isocinétique et connu comme expert pour cette pathologie.
L’observance a également été observée lors des visites d’étude, soit avec le port du vêtement compressif pendant la phase interventionnelle, soit avec le non-port du vêtement pendant la phase de contrôle. La durée quotidienne de port était évaluée grâce au rapport du patient.
Résultats
46 patients ont été inclus. 10 ont été exclus de l’analyse d’efficacité (retrait du consentement, sortie anticipée sur décision du médecin, inclusion impropre, temps de port nul, non tolérance).
Les résultats concernent donc 35 femmes et 1 homme.
Durant l’intervention, c’est-à-dire les 4 premières semaines de l’étude, la durée moyenne par jour de port d’une veste compressive était de 7,8 ± 4,3 h (extrêmes : 4-10). Cela signifie que ceux qui ont le moins porté la veste l’ont portée pendant 4h et ceux qui l’ont portée le plus l’ont fait pendant 10h. La moyenne calculée est de 7,8h par jour.
Environ la moitié des patients ont signalé des problèmes fonctionnels, de l’inconfort, de la douleur ou d’autres raisons de porter leur veste moins que souhaité, mais 78 % (28/36) étaient vraiment satisfaits de l’effet de la veste compressive sur la douleur et l’instabilité articulaires (72 % – 26/36) ou la fonction articulaire (69% – 25/36).
Critère principal : la puissance des rotateurs
À 180 ° C / s, la puissance des rotateurs externes des épaules a été significativement augmentée par le port de la veste compressive pendant 4 semaines. La puissance des rotateurs internes a été augmentée de façon non significative.
A 90°/s, aucune différence significative n’a été trouvée après 4 semaines de port d’une veste compressive.
Le retrait de la veste après 4 semaines de port engendre un effet on-off important sur la puissance des rotateurs externes et internes, quelle que soit la vitesse.
L’effet le meilleur et le plus significatif a donc été trouvé chez les rotateurs externes à une vitesse d’évaluation isocinétique élevée (180°/s), ce qui était un résultat attendu et positif. L’article explique qu’à vitesse lente (90°/s), le retour proprioceptif permet à la personne de mieux contrôler l’épaule, alors qu’à vitesse rapide c’est plus compliqué. Les luxations survenant généralement lors de mouvements rapides de la vie quotidienne, il est intéressant d’observer l’effet de la veste pour ces mouvements rapides. L’effet attendu de la veste étant moins important à 90°/s, il aurait fallu un nombre plus important de patients inclus pour espérer montrer un effet sur ce point.
Critères secondaires
Après 4 semaines de port de la veste, 72 % des patients ont eu au moins un épisode d’instabilité articulaire contre 92 % après 4 semaines sans porter la veste. Le port de la veste diminuait significativement la survenue de subluxation mais aussi de luxations.
Après 4 semaines de port de la veste, la douleur a diminué mais de façon non significative. Cela reste un résultat très intéressant après seulement un mois de port de la veste.
On note un niveau élevé et significatif de satisfaction rapportée par les participants, à la fois pour l’impact du port de la veste sur la douleur (78% des participants étaient vraiment satisfaits), mais aussi sur la stabilité articulaire (72%) et la fonction articulaire (69% ). Cela explique probablement la bonne observance du port de la veste.
L’article indique :
Le port d’une veste avait un impact sur la puissance des rotateurs d’épaule, qui était facilement observable mais disparaissait dès que la veste était retirée. Ces résultats sont clairement en faveur d’un mécanisme d’action proprioceptif, ce qui favoriserait le recrutement musculaire et l’expression de la puissance des rotateurs, sans induire un renforcement qui persisterait sans la veste. La contention joue le rôle de soutien articulaire que les muscles déficients ne permettent pas, rassure le patient, et lui permet de se réapproprier les gestes et la fonction musculaire sans risque d’instabilité et donc de diminution de la douleur.
Traduction de la conclusion de l’abstract
Les vestes compressives CICATREX SED ® sont bien supportées par les patients, impactent la puissance des rotateurs externes à grande vitesse (180°/s), et améliorent la stabilité articulaire.
IMPLICATIONS POUR LA RÉADAPTATION
• Les vêtements compressifs sur mesure sont bénéfiques pour les patients atteints du syndrome d’Ehlers-Danlos hypermobile.
• Les vestes compressives CICATREX SED ® améliorent clairement la stabilité de l’épaule et aident à promouvoir la puissance musculaire des rotateurs externes de l’épaule lors des mouvements à grande vitesse.
• Un mois de port de la veste semble n’avoir aucun effet durable sur la puissance des rotateurs d’épaule, il faut donc garder la veste pour que les avantages soient maintenus.
L’article scientifique est disponible pour nos adhérents et les professionnels de santé dans leurs espaces de documentation.
Article proposé par Marie-Elise Noël
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